Annette

Annette

Chère Annette,

Je vous écris ces quelques mots après avoir été occupé tout le jour à une fine cueillette aux Halles où je contais fleurette.

Tiré de ma couchette alors que je contemplais le ciel de ma maisonnette, après une petite douchette, nous nous sommes mis en route la languette en éruption pour goûter à ta cuisine experte.

Avant de pénétrer en ton sein, ma douce a écrasé sa cigarette sur sa salopette, et de mon côté j’ai ôté ma casquette.

La valisette était prête, la canicule avait enfin pris sa noisette, nous étions prêts à nous régaler sans bougette et sans pour autant nous mettre torchon chiffon carpette.

Nous nous sommes attablés comme 2 êtres en quête d’une chouette soirée culinaire en chantant à tue tête : nous voulons de la blanquette et pas de banquette, nous voulons du rouge qui ne sente pas la vinaigrette!

Le repas fut à la hauteur en cette belle soirée.

Audrey Ravard en salle et Dale Deakin en cuisine s’escriment avec force et majesté pour délivrer de très belles et très gourmandes assiettes.

Au diner, la carte est percutante : huitres de l’ile de Ré en mode 6 ou 12, poulpe au barbecue (sauce au beurre et sriracha diaboliquement délicieuse), burrata et oeufs de truite, thon blanc mi-cuit et blettes en barigoule, carottes d’été rôties et son jus corsé au ras el hanout (Bugs Bunny ne dit plus « Eh, What’s up, doc? » mais » doc, en effet, la réussite c’est le travail, c’est lorsque l’on retire le poil de carottes que parfois l’on a dans sa main »), un suprême de poulet fermier embeurrée de coco de paimpol et briochettes de coeurs de poulet au barbecue ( sans conteste l’un des meilleurs plats de volailles dégusté depuis certains temps déplumés et superbement agencé avec des cocos de paimpol que ne renierait pas Le Canis Lupus de Wolf Street), mousse au chocolat olives noires tellement démente (on est loin de la mousse que s’envoit Vernon Subutex), mirabelles et son granité d’estragon aussi bon et coloré qu’une pause dans une lisière forestière bien niché dans un arbre centenaire à attendre que le soleil couchant n’embrasse notre mirabelle.

Les menus changent tous les mois pour mieux réveiller les saisons.

La salle est bien pensée, très agréable.

Le service est précis, délicat et possède une belle oreille.

La carte des vins (qui connaît même un petit livre rouge délicat) est remarquable.On salue le très beau travail du caviste le rouge aux Lèvres (plus que jamais l’adresse liquide de la Rochelle laquelle distille également de très jolies assiettes pour les gourmands qui souhaitent alimenter leurs quilles et faire un Strike).

Chère Annette, nous regagnâmes notre embarcation en passant par certaines arcades, les bras chargés d’aneth et les yeux plein de soleil, le soleil de celui qui dit reviens !

Poulpe grillé au barbecue, mais, piment doux, oignons nouveaux, sauce au beurre et sriracha