La Passion de Dodin-Bouffant
Dès la superbe couverture toute de rouge vêtue, de dorure vécue, l’on sent déjà les belles odeurs fumantes des mets de premier choix chatouiller nos sens en éveil exquis et nous chanter : allez viens, viens, viens me prouver que l’érudit de la gastronomie sous mon toit c’est bien toi..Viens à ma table « seul endroit où l’on ne s’ennuie jamais pendant la première heure« disait BRILLAT SAVARIN immense auteur de la Physiologie du Goût.
Librement adapté du Roman de Marcel ROUFF: « La Vie et la Passion de de Dodin-Bouffant, gourmet« , nous sommes conviés page après page, à la Table de Dodin Bouffant qui pour la salivante occasion a drapé son invitation d’une si belle figure: la grande cuisine bourgeoise du Second Empire dans un petit village du Jura.C’est chose rare en somme qu’une telle invitation ressemblant davantage à une saine disputation culinaire se réalise car telle noce provenant d’un homme d’esprit se veut aussi rare qu’un rôtie à la moelle réussi.Laissons de côté la thématique politique distillée ici et là, et concentrons nous sur ce joli plateau de mets et de mots, en nous laissant croquer et trinquer cette gastronomie où « rien ne doit déranger l’honnête homme qui dîne » disait BERCHOUX, cet inventeur culinaire.
3 fines gueules accompagnent Dodin cet homme plus solitaire que sot l’y laisse, pour se partager les félicités de l’illustre tablée: Beaubois le notaire, Rabaz le médecin et Magot le marchand de bestiaux.Amis lecteurs, ces 4 illustres escrimeurs du goût célèbrent alors la joie des sens que leur conte Eugenie Chatagne, la cuisinière du bonheur.Sentez vous la gourmandise de ces lapereaux au foie gras et aux truffes qui pommadent votre odorat?
Quand un drame survient avec la soudaine disparition d’Eugenie, c’est tout un monde qui s’écroule autour de Dodin et ce ne sont pas les ortolans qui semblent dire le contraire et qui par leur « tchip tchip » préfèreraient prendre leur envol en bouche que de rester sur la touche sans Eugenie.L’aventure culinaire bascule, un casting a lieu pour remplacer l’ irremplaçable, pense t’on déjà, les épreuves arrivent..Dodin rencontre Adèle cette virtuose mais la sauce entre eux prendra t’elle, lui, étant si confit dans ses habitudes? N’y aura t’il pas quelque mauvaise rencontre à moucher pour ne pas l’avoir dans la soupe? Dans ses aventures, Dodin pourra toujours compter sur Eugénie qui, lorsqu’il sera plongé dans des bains d’alcool de spleen ou d’autres digestions qui l’absorbent tout entier, réveillera toujours l’homme au milieu du bois qu’est la Cuisine.Vous ne sentez pas l’odeur de ce saint marcellin bien dégourdi au four et nappé de sa crème aux morilles?
A chaque page, nous sommes en présence d’une cuisine simple, à l’écriture certaine, encadrant parfaitement la beauté de la nature, de son terroir, de ses paysages, la cuisine: ce génie français, cette affaire d’états à couverts.La passion de Dodin a le mérite de nous rappeler que la cuisine est une affaire de partage, de beaux égards à ceux qui servent et desservent les consciences faites estomac, une histoire d’Amour en Bouche qui prône l’abandon de l’Amour solitaire: la mastication qui pratiquée seule rend sourd aux appels des autres.
Et dire qu’en fin d’ouvrage, on nous révèle la recette de ces bouchées qui en ont laissé plus d’un bouche bée.
Allons, hâtons nous de dresser la Table, c’est que les invités arrivent.L’oeuvre culinaire se partage, elle vaut beaucoup d’Amour, elle se vit avec ceux que l’on aime: allez en piste, allez mon pote au feu, en place sur le piano de la cuisine.
En fermant l’ouvrage…Oui…on a si faim…si faim…D’Amour.
La Passion de Dodin-Bouffant
de Mathieu BURNIAT
DARGAUD
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