L’Auberge du Père Bise – Jean Sulpice
Une plume bleue s’envole du Lac.
Elle est pleine de cette encre fertile par trop plongée dans un berceau retrouvé.
Elle a fait du chemin lorsqu’elle se pose enfin à Talloires.
Dans cet écrin, cette nature, d’un vol de cils, d’une larme céleste, elle dissipe l’orage et dissémine le bonheur du jour.
Le cœur d’un moteur, une douce musique en bord de crête, une fine couche de sursauts aquatiques, une acoustique saine en accord avec la majesté des lieux, et le cadre en est posé.
En cette belle journée du Patrimoine, amoureux citoyens du Lac, nous allâmes du château jusqu’aux quais d’ici.
Quai de Bayreuth le cap fut mis.
Nous embarquâmes à Annecy, après lui avoir fait cygne ici.
L’eau était pure et douce et avait par une touche de rêve, un goût d’anis.
Nous voguâmes sans prise de ris.
Nous glissâmes sur des ondes paisibles et amies.
Le soleil se dévoilait en adressant sa philosophie le long du lit.
Le sublime tableau ne connaissait aucune ombre si ce n’est un omble chevalier qui faisait sa nuit.
Les châteaux s’élevaient au gré de notre si bel appétit.
Les vagues nous sourient.
Les cieux nous adressent alors un clin d’œil: Terre en vue entend on ici !
Nous arrivons.Le paradis y vit.
Magnifique accueil dans cette auberge historique dont le nom résonne déjà comme la plus belle des hospitalités de jour comme de nuit.
Le tableau noir et blanc a pris de la couleur avec la révolution culturelle.
Repenchons nous 119 ans en arrière, en 1903 lorsque François Bise dit le Père Bise avec son épouse Marie Fontaine ouvrent un restaurant dans un chalet au bord du lac.
En 1928, Marius leur fils et son épouse Marguerite après quelques agrandissements architecturaux et familiaux font naître l’auberge du Père Bise.
Marguerite Bise, en 1951 obtient 3 étoiles au fameux guide rouge.
François Bise leur fils poursuivra avec son épouse Charlyne l’aventure étoilée jusqu’à ce qu’il s’éteigne en 1984.
Charlyne et leur fille Sophie ont continué de dresser la table de l’univers gastronomique familial.
En 2016, Jean et Magali Sulpice ont repris les rênes du solide édifice à jamais tourné vers la beauté de l’instant.
A coté du restaurant gastronomique Jean Sulpice, se dressent également le 1903 pour un exercice raffiné entrée/plat/dessert et le Marius Bar.
Retour sur le ponton de notre débarquement si heureux.
Un cocktail de fruits frais et les rayons du soleil caressent notre arrivée.
Nous pénétrons dans la suite 21.Tout y est superbement agencé, délesté du poids d’une âme vagabonde, tout y est magique comme un 3×7 révélateur de nouvelles ambitions vivantes et poétiques.
Une tarte praline attend la rencontre avec les canons de notre gourmandise.
Des mots justes et si chaleureux assurent le confort définitif de notre venue.
La superbe terrasse donnant sur le lac assure un décollage immédiat de la rétine qui s’avère peu réticente au lâcher prise en pleine nature.
Une saine marche pour célébrer la mise au vert avant la mise en bouche et Dieu que cela est si délectable.
Depuis l’église de Saint-Germain-Sur-Talloires, nous prenons le temps, la conscience bien assise, de peindre l’instant présent : la baie est sublime, les randonneurs gagnent à atteindre de merveilleux sommets, les paddles dansent avec grâce sur l’eau calme, les grappes de toutes les couleurs se multiplient dans le ciel.
20h l’heure de la table.
Table finement dressée, nappe superbement éclairée par un feu discret de luminaires et par une lampe de table finement décorée par une voile de bleu.
Les sens ont notamment pour visuel, la très jolie terrasse extérieure qui prend les dernières mesures du jour au gré du ciel, du vent et des montagnes qui sommeillent déjà.
La carte des vins est sensationnelle.
Quelques saines bulles, une déclaration d’existence à 2..Un futur à 3..Une suite pour 4..
Les premières assiettes en accord avec la digne lampe marient remarquablement les couleurs vivantes du lac avec le mouvement de fines vagues sur lesquelles perlent les rayons du soleil.
Service magistral avec Alicia Poupeney cheffe de salle et prix du service 2022 par le chef magazine.
Alicia nous parlait d’une balade entre lac et montagne que la carte conte tant, d’un voyage et ce voyage nous l’avons ô combien effectué.
La cuisine du très grand chef Jean Sulpice convoque tous les sommets gustatifs.
Jean Sulpice, très grand cuisinier et grand sportif à qui l’on tire notre chapeau tant l’homme a du talent et converse comme personne avec le Lac et ses ascensions, a décroché 2 étoiles au guide Michelin en 2010 dans son merveilleux restaurant l’Oxalys à Val Thorens, 2 étoiles retrouvées à l’Auberge du Père Bise en 2018.
Magali Sulpice dirige remarquablement le service en salle au restaurant, l’auberge et sa sublime hôtellerie.
Jean et Magali sont les superbes mariés du lac.La force de leur union adresse chaque jour, dès l’aurore, la plus belle des musiques dans les yeux encore humides de voyageurs plongés dans un pur bonheur terrestre et aquatique.
Le bonheur est plus que jamais dans l’assiette.
De ce carnet de voyage, il en ressort ces quelques mots adressés à nos consciences tels des pas nichés dans une neige éternelle :
La marche est forestière.
Les premiers pas sont des plus sensibles.On entend le son du cor au fond des bois.
Les délicieuses fumées odorantes nous rappellent nos premiers nuits en forêt calfeutrés dans nos textiles à la recherche d’un bijou vivant enfouit dans ces terres fertiles.
La marche sur le lac est rêveuse.
La pêche amène la joie.
La vigne se couche dans une carafe qui lui a fait signe.
La marche gravit les cimes de la pensée et du formidable travail de cuisinier.
La superbe prestation culinaire du chef va plus vite que son omble.
L’effort se vit.
On y cueille ici les raisons du bonheur.
L’ascension se ressent.
On s’y prend à rire et à faire le tour de nos sentiments sans y mettre de ris tant la voilure de l’existence nous souhaite grand vent.
La plénitude de la prise au vent se disperse dans des sentiments forts et apaisants.
Les étapes sont régionales et admirablement sourcées.
Le réconfort réchauffe.
L’aventure est marquante.
La balade est divine.
A la fin de l’aventure du soir, la bougie éclaire les élus de la table et la liqueur fait revivre au moins dans la gorge, le jour en pleine nuit.
L’émotion est là, palpable à chaque instant, à chaque appel du cœur, à chaque craquement de pas sur la feuille de l’auteur de ces quelques lignes lorsqu’il traverse les pièces de l’édifice.
Alors que le temps file à vive allure sur le chrono de mon cuir, dans ces hauts lieux le temps semble propice à l’immortalité de l’instant.
Juste une dernière page avant de repartir sur l’eau, un épilogue délicieux de Jacky Durand dans son magnifique ouvrage « Jean Sulpice_ le chef, l’Auberge & le lac »:
« Un séjour à l’Auberge du Père Bise est beaucoup plus qu’une pause gourmande, une retraite raffinée.Cela peut être l’amorce et la confirmation d’un choix de vie au plus près de la nature ».
La nature est remarquable, d’une stupéfiante beauté.
Nous avons emporté avec nous un bout de toi, un site où nous avons si fabuleusement voyagé.
La quiétude des lieux nous gratifie toujours du lac jusqu’au ciel.
Je confie à Cezanne avec son génie, son pinceau, de nous peindre son « Lac d’Annecy », Duingt et son château, après la découverte sensible d’un arbre vivifiant, du grand bleu et du Rose éclairant de la montagne..
Je laisse enfin à Alphonse de Lamartine sa conclusion poétique :
« Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.
Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : Ils ont aimé ! »
Nuit dorée
Divin nectar
Balade en forêt
Féra du lac d’Annecy et eau de cresson
Plins de tomate et roquette
Omble Chevalier, beurre maître d’hôtel à l’épicéa
Cueillette d’été à la sarriette
Ris de veau et Reine-des-prés
Beaufort dans l’esprit d’un alpage
Myrtilles de nos montagnes et gentiane
Chocolat et safran de Savoie
Nuit verte
« L’auberge du Père Bise, une table au Paradis »
L’Auberge du Père Bise – Jean Sulpice (5 / 5)
303 route du crêt
74290 Talloires-Montmin
Site: www.perebise.com
Tel/contact:04 50 60 72 01
Horaires: Fermeture Hebdomadaire Mardi et Mercredi toute la journée et Jeudi au déjeuner
Fermeture exceptionnelle du Lundi 31 octobre 2022 au Jeudi 10 novembre 2022 après le déjeuner
Prix: Itinéraires 8 étapes 275 euros ( chemin des vignes 160 euros). Itinéraires 6 étapes 235 euros (chemin des vignes 130 euros)
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