Le Coquillage
« Dessine moi le temps, dessine moi un nuage, un ciel, un jardin, la mer.Dessine moi aujourd’hui et puis demain..« me demande t’il occupé non par un écran mais par l’estran..
C’est devenu un immuable rituel, chaque année, ils se retrouvent autour de cette si belle table pour y célébrer la vie, dame nature, les rapports humains, dans un jardin à qui ils confient leur secret, pour y ramasser des coquillages, ces petits fossiles travaillés par la mer, balotés au gré du vent et de la lune d’un récif à un autre, chahutés par des vagues au discours libéré, dessinés par les éléments comme si le peintre y avait laissé ses pinceaux plonger dans un bain créatif de récréations maritimes.Des coquillages, comme autant de symboles, d’images célestes gravées dans la mémoire, comme autant de petits papiers déposés sur un coin de table avec vue sur Mer.
A peine passé le portail que déjà la villa a cette chaleur et cette odeur de pain chaud juste sorti du four qui rassurent notre âme d’enfant, une sérénité au point du jour pour qui veut bien cerner des yeux le chemin des douaniers et parcourir à bottes de sept lieux la grève issue du travail de la nature.
Le parc est somptueux, calme comme si les 2 ânesses qui vivent en ces hauts lieux attendaient une caresse du temps en dehors du chatouillement d’une aile de mouche, la vue sur la grande scène, sur la Mer, y est divine.
Un oiseau semble s’être posé ici au pied de l’arbre jouxtant la bâtisse, ce jouisseur cynique, cet oiseau rebelle ne sera pas l’exécuteur testamentaire de nos rêves, de ces rencontres qui se passent de moitiés frappées par un coup de foudre, de ces rencontres où la foudre ne pourra jamais concurrencer le vent.
Alors que nous accostons au plus près des marches du château, je règle mon pas sur le pas de mes aimés.Ici,l’Amour est l’instrument du vent, l’amour est aussi bien ailleurs, dans le presque, dans le rêvé, dans les vagues que font les yeux embués collés à cette si belle réalité exaltée.Empruntant le bel escalier de pierre, déjà Léon me susurre à l’oreille: le meilleur moment dans l’Amour, nous le savons tous, c’est la montée de l’escalier.
Hugo ROELLINGER, fils du grand Olivier ROELLINGER, artisan cuisinier ouvert sur notre monde, doublement étoilé par le Guide MICHELIN en 2019, délivre avec grâce une partition époustouflante née de la noblesse des mets issus des petits producteurs du pays, d’une grande exigence, d’un grand talent et d’une si sensible utilisation des épices issus du formidable esprit créatif de son Père.Il prend ses hôtes dans les filets d’un amour pour les très bons produits respectant un discours engagé pour la biodiversité dans cet intense garde à manger qu’est l’Océan.
Le restaurant le coquillage est bien implanté dans le château RICHEUX, chef d’oeuvre d’Yves HEMAR, villa bien réhabilitée par Jane et Olivier ROELLINGER en 1992 célébrant la réussite d’une très belle famille.La ferme du Vent, les Rimains, les gites marins, les bains celtiques, la maison de gwenn et la pâtisserie grain de vanille de continuer le plaisir des sens au sein des Maisons de BRICOURT…
Les 2 très belles salles du restaurant naviguent entre le grand blanc, les tableaux marins, les boiseries, une présence florale, vingt mille cieux sous les mers.A table,l’enfilade des arceaux de bois sculptés, les glaces éclairantes virevoltantes semblent accentuer la plénitude du lieu et nous faire respirer amplement le bois du verbe être, le parfum des corolles de fleurs, d’algues pour y découvrir la mer en intérieur avec ses embruns,ses effluves et ses exquises esquisses.
A la carte, exit les viandes. Les poissons, les légumes, les algues, les épices, la cueillette du moment plongent les hôtes en plein bonheur sur le chemin des sens.
Menu le Grand Choix de la Baie 72 euros (entrée parmi 6 proposées soit notamment: petit poisson de ligne ikejimé à la fleur de beauté rhubarbe et sureau du champ du vent, asperges blanches camembert au lait cru angélique du jardin et poivre karimundi, huitres aux aromates et épices citron confit, poivre des mers algues et sarrasin grillé; un plat parmi 5 proposés soit notamment:solettes dorées de petits bateaux jus pincé des arêtes et citrons confits, blanc de barbue de nos côtes sur la braise en vinaigrette longue, livèche et sumac, lieu jaune de ligne ikejimé cuit dans les algues oseille des falaises et poivre jeerakarimundi, homard grillé à la cancalaise dans la cheminée; supplément table des fromages 17 euros), Menu du jardin marin au potager celtique 75 euros (4 plats parmi lesquels on peut noter: chou-rave et poudre de neptune, petits navets au poivre shansho rhubarbe du champ du vent prunelier sauvage, bouillon du shangaie et cueillette du matin, sarrasin asperge blanche et gomasio celtique, et la roulante des gourmandises), menu un grignotage des bords de mer 85 euros (préparations à partager froides puis chaudes de coquillages, crustacés, légumes et poissons suivies de la roulante des gourmandises), menu au gré du vent et de la lune 139 euros(pour ce menu dégustation, 10 séquences dont la table des fromages et la roulante des gourmandises).Pour les plus speedy gonzales une entrée, un plat ou un plat, un dessert sont proposés pour 62 euros.
La poésie n’a pas besoin de fourchette pour chevaucher les délices, les rafraichissements de la table, ici on y rejoue les notes salées et sucrées, on y redessine le plaisir par vagues lyriques, on y réenchante la nature pour y découvrir notamment les plaisirs : d’un film maritime sur grand estran, d’une balade en pleine brise de terre à la recherche de margates de la baie, d’une balade vers la beauté en sifflant « mignonne allons voir si la rose a rencontré la dorade »,d’un chant de palourdes aux jeunes fèves, d’huitres grillées au son du pollen de l’hydromel et de l’asperge, de l’excellence d’une araignée de mer à la tête d’oeuf détachée de sa toile marine, la majesté d’un « homard m’a divinement saucé au cacao »..Dans un paquebot Billecart Salmon, dans cette embarcation Faugères, on découvre la saine ivresse du voyage et les couleurs qu’ils donnent aux joues qui se jouent de nous y voir.Jamais groggy par tant de fines particules, le voyageur, le regard fixé vers la mer, termine sa halte liquide par un grog des iles qui nous fait voir une belle terre en vue à l’ombre du Mont st Michel et nous fait dire: « C’est une bouche, une bouche qui attend d’embrasser le vent par petites touches, car nous aimons le goût du beau en bouche, seul goût qui nous touche, seul goût que nous ne pouvons pas toucher…« .Puis de continuer la marche à travers le si beau jardin, son potager celtique, son four à pain dont l’odeur accompagnait déjà notre arrivée, ses ruches, son conservatoire de pommiers, son champ du vent, ses belles bêtes pour quelques têtes à têtes et conversations souterraines..Attendre que le vent souffle sur l’une des deux balançoires du lieu pour nous élever sans tomber dans les pommes vers le grand large..Destination plurielle et si belle inconnue..
Le Beurre proposé à table est ensoleillé, crème, il est fabriqué par Thierry LEMARCHAND avec du lait de vache de la Froment du Léon.
Très belle carte des vins.Excellent sommelier Gaylord GOULETTE.Les vins bio nature souhaités de plus en plus par Hugo galopent bien davantage et connaissent une belle mise en lumière.
Table des fromages de Bretagne et de Normandie admirablement sélectionnés par Valentine ROY.
Roulante des Gourmandises comme on n’en voit nulle par ailleurs dans ce si joli pays gastronome.
Allongés sur une chaise longue en plein après midi au beau milieu du potager celtique, on ne sait plus qui du soleil ou de la lune a demandé la main de lumière de l’autre,
On est aux premières loges du vent qui embrasse les lèvres du temps,
Il ne semble pas courir deux lèvres à la fois,
Le vent,
Une grande fenêtre ouverte sur la lumière,
Un décor de vingt mille lieux sous les mers,
Une table,
Des nuages comme une indécente de lit de la lune,
Un oiseau déploie ses ailes et se dresse fièrement dans le ciel, parlant aux étoiles,
Le vent l’a invité lui aussi à voyager sans turbulences autour de la villa pour y rechercher son icarie,
De sa table, cet îlot où il se retire, l’homme observe le départ en Mer,
Les hommes d’équipage s’affairent,
Les voiles s’entrechoquent alors pour donner des ailes à l’embarcation,
Il regarde par la fenêtre devenu le hublot de sa cabine,
Il lui semble que les derniers rayons du soleil couchant embrassent les lattes de sa pensée devenue chambre à coucher sur le papier,
De sa table, cette horizontale façon de mettre les coups de coeur à raison dans l’assiette, il voyage et observe le dialogue des vagues,
Il se rappelle son passé et il vit l’avenir,
Il se voit prendre son envol bien aidé par le vent qui ouvre une fenêtre sur son âme,
A bord de son autel de plumes, cherchant le goût du vent, il traverse les saisons et invité dans un royaume onirique maritime, il voyage sur le dos des nuages…
« L’estran, les rêves que tu me murmures au gré du vent et de la lune m’inspirent pour toujours.
Tu m’éveilles tout le jour et la nuit pour mes plus grandes aventures.
Dialoguer avec toi, aidé de tous mes sens, revient à me coucher tard et se coucher tard ne nuit pas car il y fait toujours jour en chacun de nos nuits.
Au fil de l’eau, au gré du vent et de la lune,
Ses pensées cotonneuses s’éloignent de la côte,
La terre s’obscurcissant au profit de l’Océan… »
Amuse bouche
Maquereau Fenouillette/Asperge Citron / Carotte Pamplemousse
Champagne BRUT ROSE BILLECART-SALMON
Cocktail de fruits frais avec un sirop de gingembre
Pain au levain et au blé noir issus du Four à Pain de la Maison
L’Estran et sa rencontre avec l’eau de Mer
Margates de la baie et Poudre de Neptune comme une balade sur le chemin des douaniers
Dorade à la Fleur de beauté, rose et rhubarbe du champ du vent
Jeunes fèves, mousserons et palourdes au poivre Jeerakarimundi, sureau des talus
Huitres grillées, pollen, hydromel, asperge blanche
Faugères Jadis Domaine Léon BARRAL 2010
Chair d’araignée de mer, Kombu Royal pour un jaune d’oeuf au Vinaigre Celtique et Poivre d’Assam
Homard au cacao, trois piments mexicains et vin de xérès (en hommage au Cancalais de La Ravardière)
Table des Fromages de Bretagne et de Normandie sélectionnés par Valentine ROY, chutneys et condiments.
La Roulante des gourmandises rassurantes et étonnantes. Profiterole, Paris cancale, Mille Feuille, Tarte chocolat caramel beurre salé, Rhubarbe glace au lait ribot..
Grog des Iles Terre en Vue
Café du Burundi
« Le Coquillage, Plein Soleil sur l’Estran »
Le Coquillage (5 / 5)
La table des Maisons de Bricourt au Château RICHEUX
Le Buot
35350 SAINT MELOIR DES ONDES
Tel: 02 99 89 64 76
Site: maisons-de-bricourt.com
Horaires: TLJ de 12h00-13h30 et de 19h30-21h30
Prix: E/P ou P/D 62 euros, Menu le Grand Choix de la Baie 72 euros, Menu du jardin marin au potager celtique 75 euros, Menu un grignotage des bords de mer 85 euros, Menu au gré du vent et de la lune 139 euros
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