MENSSA
La forêt de Soignes soigne l’itinéraire des poètes.
En partant de la forêt, du haut de ses 80 % de hêtres, le verbe être n’a jamais aussi bien voyagé.
Le proverbe dit vrai : les feuilles s’ouvrent sur le chêne avant de s’ouvrir sur le hêtre.
Tous les vélos mènent au parc de la Woluwe, tous les trams mènent à la forêt de Soignes, tous les taxis mènent à Menssa. Le cœur malgré les travaux nous mène toujours vers la plus belle des destinations : la félicité.
Au 453 de l’avenue de Tervuren, Bon-Bon est devenu Menssa depuis quelques mois déjà, et ce, après d’importants travaux.
Menssa ou l’acronyme de « Maison d’exception et de naissance des saveurs ».
Menssa est une action poétique permanente, un appel au verbe haut de Chateaubriand pour qui la forêt donne une idée de la création et un double appel à la poésie de Edgar Allan Poe où tout mouvement de quelque nature qu’il soit est créateur.
En ce vendredi soir, par l’entrée des sens, pénétrons ensemble dans cette autre forêt : MENSSA.
Le comptoir en bois et l’arbre en noyer belge siègent à présent. L’architecture développée par Anne-Catherine Lalmand et son cabinet a permis à la nature de faire une admirable entrée en ces hauts lieux et ainsi de lancer cet appel de la forêt : « la forêt de Soignes devient architecture ». Jack London nous dit : « Il y a une extase qui nous porte au point le plus haut de la vie, au-delà duquel la vie ne peut s’élever ».
L’adresse est devenue un nouvel arbre de vie, source des plus grandes expériences sensorielles.
C’est un comptoir, mais bien plus encore, une très grande table mais bien davantage.
Sous un arbre perché, la cuisine instinctive de Christophe Hardiquest élève toujours et encore.
Sous la canopée, le ciel d’azur n’est jamais loin.
Il n’y a aucune barrière dans ce nouveau Joshua Tree.
Déjà Bon-Bon avait marqué les esprits : « Bon-Bon le coeurd’un génie, les racines du monde, l’héritage culinaire du futur ».
Le discours culinaire avait déjà fait une mise au vert, célébré l’amour du verbe et la peinture de l’universel.
Nous y avions fêté la cuisine de l’immense chef qui ne s’arrête jamais de penser sa cuisine comme les racines d’un arbre, et ne cesse de faire vivre et de faire prendre de la hauteur aux générations du futur.
Les êtres ont changé, évolué, l’arbre a poussé, fruit de 30 années d’expérience. La nature continue d’y exercer ses droits entre proximité, simplicité, et un discours des plus épuré pour une formidable transmission qui est devenue un hôte à part entière. Tous participent comme jamais du succès.
Christophe Hardiquest, chef propriétaire des lieux, est un génie qui travaille en permanence pour donner des étoiles dans les yeux de tous. Chef à la Mère Germaine à Châteauneuf du pape et à la brasserie de l’hotel Chetzeron à Crans-Montana, il porte le brio partout par son lyrisme et sa profonde sensibilité.
On le célèbre avec force dès lors que son écriture culinaire rencontre tous les sens sans jamais songer à prendre la voie de sortie.
Sa mémoire excelle et donne tant de bonheur aux visiteurs du soir devenus depuis des années, bien plus que cela.
Ici, tout vit, tout s’écrit à la lumière du vaste monde,aujourd’hui et demain. Je pense alors à René Char lequel véhicule si bien le temps qu’il fait : «Nous sommes au futur. Voici demain qui règne aujourd’hui sur la terre ».
La révolte de la poésie est chaque jour bien présente chez Menssa. L’espérance baudelairienne vit en ces hauts lieux.
Christophe Hardiquest est bien, oui, l’artisan de nos rêves devenus réalité.
La transparence y vit partout. Le chef et son équipage dialoguent facilement avec les voyageurs. Victor Hugo n’est jamais loin de nous: vous ne l’entendez pas nous susurrer : « il y a des instincts pour toutes les rencontres de la vie ».
L’intimité est plus que parfaitement respectée, couplée avec une superbe acoustique.
Un plateau délicat si bien pensé permet à chaque convive de partager avec le chef et l’équipe, les plats distillés et d’appréhender le feu de l’action, du geste, l’éveil des sens.
Les mets, les herbes, les sauces, les touches salées ou sucrées virevoltent au contact des heureux visiteurs comme un concert de jazz.
Nous sommes en plein centre d’un monde responsable, qui respire et promet la plus belle des promenades dans le vert de nos yeux.
En ouvrant la carte, le paysage se dresse autour de 4 inspirations naturelles : jardin, terre, forêt et mer.
Elle apporte déjà la signature des plus grands : Leonardo Da Vinci de nous enseigner : « Va prendre tes leçons dans la nature ».
A cette grande table, l’art et la matière sont célébrés. Fauteuils verts de chez Marie’s Corner, arbre à couteaux pour épouser le bois de nos êtres, matières naturelles indigènes, pierre bleue, chêne, comptoir en noyer belge, bananier, animaux issus de la créativité de Dzia (un renard magique rappelle à l’auteur son Starsky) et comme sortis des Fables de la Fontaine lequel n’avait de cesse de rappeler « qu’à l’œuvre, on connaît l’artisan ».
Le restaurant compte 22 couverts avec chaises hautes autour du comptoir, mais également une table privée pour 8 convives.
A l’étage, on y fait le pain, on développe des recettes, on s’y détend après chaque service.
La proximité est lisible partout. Au service, les cuisiniers opèrent aussi. Le personnel navigant est composé de véritables orfèvres du sublime qui transmettent avec maestria la griffe du plaisir.
Ils sont tous des premiers de cordée. Christie, le sous-chef Charles, le chef sommelier, Mathias, Binbin..Tous réunis autour du chef, ce soir, ils ressuscitent « mon équipage » de Michel Delpech.
3 menus sont proposés : Arborescence (des bouchées pour découvrir la signature MENSSA), 5 séquences, 7 séquences.
La carte des vins est remarquable et bien vivante.
Les produits sont admirablement sourcés : du territoire belge à d’autres contrées pourvu que le bel artisanat y soit célébré.
On y déguste des produits nobles ou réhabilités issus de chaque bête, de chaque poisson, légume, crustacé, de chaque produit issu de la cueillette, en respectant à la pointe du couteau ces mots : un corps sain dans un esprit fin.
La maîtrise d’une saine consommation est privilégiée : la cuisson au feu de bois ou à l’induction sont en pole position et le cru se permet parfois de mettre quelques longueurs de bassin au cuit.
Découvrir Menssa, c’est se délivrer du poids du superficiel et cuisiner le vrai.
Voyager grâce à Menssa, c’est s’assurer d’une immense balade accompagnée d’un Harmony Codex que ne renierait pas Steven Wilson.
Ce soir cap fut mis sur le menu 7 séquences : 3 amuse-bouches absolument exceptionnels( croquette de salaison maison, condiment cornichon/meringue de crevette grise de la mer du nord Tom Kha Kai/rissole au basilic, ketchup de tomate verte), somptueuse entrée : fuseau croquant de gambero rosso au curry rouge aigre doux de shiitake glace au corail de crustacés qui donne à chaque Viking l’envie de se transformer en crevette, délicieux carpaccio de bœuf du jardin en vinaigrette façon Harry’s bar qui nous fait songer à faire un bœuf dans son jardin d’hiver en prenant comme instruments les fruits donnés par dame nature, un fantastique moelleux d’oignons doux des Cévennes cèpes et champignons jus d’ail rôti que l’on aimerait accrocher à sa veste en signe de complet ralliement, des remarquables ravioles d’artichaut à la barigoule d’herbes bouillon végétal tranché à l’huile de coriandre qui nous font prendre un bain de jouvence, un très grand plat de Rouget-Barbet en croustillance de sauge, pressé d’épinards aux fleurs, sauce chorizonnaise qui rappelle ce proverbe japonais : «Regarde toujours dans la direction du soleil levant et tu ne verras jamais l’ombre derrière toi », sublime dodine de pigeon de Racan en rôti de poivrons rouges et d’anguilles aigo boulido de salicornes permettant de prendre à la volée une rafale de perfection, un joli pré dessert givré préparé dans la belle chaleur du direct : ice tonic pamplemousse fever tree crumble macaron gel tequila citron, une éclatante surprise culinaire avec ce faux maïs en crémeux de bourbon pop-corn caramélisé sauce Tom Kha Kai qui nous fait partager un film d’auteur, un très très bon dessert griffe de chocolat Sao Tome au galanga, sorbet à l’estragon comme une veillée en forêt. On termine les pieds sur terre, la tête collée au tronc, les yeux fixés vers l’azur en se délectant de madeleines citron olive et de tartelette mûre, macis, livèche.
Une divine huile d’olive nous est versée pendant le repas avec une magistrale focaccia. On se croirait parvenu à obtenir les grâces du merveilleux qui aurait pris un liquide mythique à la Fontaine de Barenton.
Champagne Pierre Gerbais
Vin Barbaresco Bordini la Spinetta 2019
En toute fin de repas, on apprécie une dernière note musicale, une dernière touche picturale à la René Magritte.
Menssa, ses racines profondes, ses couleurs, sa peinture, sa musicalité, son universalisme, tout fait corps en son sein.
A table, défilent nos vies, notre enfance que l’on retrouve dans certains plats, notre adolescence convoquant l’arborescence, notre vivacité, notre monde d’adultes donnant naissance parfois à la sagesse, cette essence du verbe être.
En quittant l’édifice, en ce soir de pleine lune, dans ce parc de la Woluwe, nous étions si heureux de ce nouveau départ que nous avons dansé pour y cueillir à nouveau l’espace d’un instant, l’éternité.
Ce soir, chez Menssa, ce fut une nouvelle rencontre du sublime avec le vivant, qui, comme les œuvres de Rosa Bonheur, nous permet de mieux habiter notre monde.
Menssa, c’est déjà une musique qui sonne comme « Immensità » de Andrea Laszlo De Simone : cet appel à la vie, cet appel poétique du grand large, de la nature, des chemins verts dont nous rêvions lorsque nous étions confinés.
L’heure tourne, la vie avance, l’orage est passé, un nouveau départ a été pris, le voyageur se dit : les voyages embrasseront toujours l’infini..
Champagne Pierre Gerbais
Amuse-bouches
croquette de salaison maison, condiment cornichon
meringue de crevette grise de la mer du nord Tom Kha Kai
rissole au basilic, ketchup de tomate verte
Vin Barbaresco Bordini la Spinetta 2019
fuseau croquant de gambero rosso au curry rouge aigre doux de shiitake glace au corail de crustacés
carpaccio de bœuf du jardin en vinaigrette façon Harry’s bar
moelleux d’oignons doux des Cévennes cèpes et champignons jus d’ail rôti
ravioles d’artichaut à la barigoule d’herbes bouillon végétal tranché à l’huile de coriandre
rouget-barbet en croustillance de sauge, pressé d’épinards aux fleurs, sauce chorizonnaise
dodine de pigeon de Racan en rôti de poivrons rouges et d’anguilles aigo boulido de salicornes
ice tonic pamplemousse fever tree crumble macaron gel tequila citron
faux maïs en crémeux de bourbon pop-corn caramélisé sauce Tom Kha Kai
griffe de chocolat Sao Tome au galanga, sorbet à l’estragon
madeleines citron olive et de tartelette mûre, macis, livèche.
« Menssa, le chef d’œuvre de la Nature »
MENSSA (5 / 5)
453 Avenue de Tervueren
1150 Woluwe-Saint-Pierre
Tel: +32 2 346 6615
Site: https://menssa.be/
Horaires: du mardi au samedi soir de 19h/20h30 et le jeudi et vendredi midi de 12h/13h15
Prix: Menu Arborescence (des bouchées pour découvrir la signature MENSSA ) à 140 €, Menu 5 séquences à 175 €, Menu 7 séquences à 195 €.
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