Iggy Pop Every Loser

Iggy Pop

Every Loser 

 

Jamais un rockeur n’aura connu pareils visages et semblables résurrections.
Il est l’un des plus grands héros de la musique, du rock.

Il est sans doute le plus grand performer jamais connu de la scène rock. Il est cette voix unique, chaude et fantastique qui nous embarque tous.

Il est the one and only,« only the lonely » comme il aime à chanter ce sommet des charts lorsqu’il appuie pieds nus sur le champignon de sa rolls avant de faire ami ami sur Miami Beach.

Il est celui qui m’a tant fait rêver au milieu des océans à l’écoute de « I want to go to the beach ».

Impossible de décrire Iggy Pop en un seul qualificatif tant l’homme est immense : Nightclubber, homme libre, miraculé, héroïnomane, hémoglobineman, jeune de 75 ans, batteur, hurleur, crooner, charmeur, iguane sous acides, aimant les perroquets chanteurs de hits et les colliers de chiens, joker halluciné à la télé françoise, corps exposé (sexe sur un ampli, torse ouvert sanguinolent, plus grand représentant du stage diving qui lui a été inspiré par le génie Jim Morrison, adepte des massages au beurre de cacahuètes), Sdf, visiteur en HP, hérouvillais pendant 1 mois, berlinois comme jamais, double face avec David Bowie, Iggy renaît encore ..

Ce disque est un vibrant hommage à la carrière de l’homme orchestre.
Il brasse tous les styles ou presque de l’immense carrière de la bête.

Iggy grâce à Andrew Watt s’est senti libre de s’aventurer là où il souhaitait aller.

Ce disque résonne comme la palette d’un peintre qui par son pinceau, ses couleurs fait rejaillir l’artiste de rue, l’homme libre derrière l’homme assis sur son succès.

Très grand disque que ce « Every Loser » : il est une synthèse et une nouvelle exploration.

L’intense « Post Pop Depression » concocté par l’immense Joshua Homme (en mode hommage et plus aux fantastiques « The Idiot » et « Lust For Life » si berlinois et si bowien) n’est plus le testament que Iggy semblait avoir adressé au monde.

Depuis Iggy est redevenu free comme un caméléon qui regarde tant vers le bas que vers le haut et qui change de couleur musicale dès que le temps pique.

Ce n’est donc pas si étonnant si après une pause plus jazzy, plus acid test noyé dans un océan de fine éléctro, Iggy revient au Rock.

Ici, on ne joue pas aux osselets, ici, on sort les crocs et les cornes du diable.

 

Après Josh place à Andrew..la jeunesse permet à Iggy de rester un winner comme les « Winners » des Desert sessions Volumes 7 & 8.

Andrew Watt est immense. Il est d’abord un excellent guitariste avant de devenir un grand producteur  : après avoir notamment produit le dernier disque de Elton John, après avoir notamment produit et joué sur le très grand « Earthling » de Eddie Vedder, après avoir produit les 2 derniers disques de Ozzy Osbourne, Andrew continue d’éclairer de tous ses talents le monde du Rock et de la Pop Culture.

L’équipe sur le disque est presque la même que celle de « The Earthlings » groupe fabuleux qui accompagne cet autre Dieu, Eddie Vedder. Chad Smith est à la batterie sur la quasi-totalité des titres de l’album sauf sur « Neo Punk » où c’est Travis Barker qui opère et sur « Comments » et « The Regency » où c’est l’extraordinaire et regretté Taylor Hawkins qui officie.

Andrew Watt est à la guitare, à la basse, au piano, aux percussions, aux chœurs.

Josh Klinghoffer est à la guitare, au piano, à la basse et aux synthés.

Et puis il y a ces autres monuments qui accompagnent la réussite exemplaire du disque :

Duff Mckagan à la basse sur « Frenzy », « New Atlantis », « Modern Day Ripoff ».

Éric Avery à la basse sur « Comments »

Chris Chaney à la basse sur « The Regency »

Dave Navarro à la guitare sur « The Regency ».

« Frenzy » : Cavalcade de chevaux lancés sur le vif en mode branché sur la période de l’album « Skull Ring ». Les doigts dans la prise, des cris de loup retentissent dans ce titre amené à réveiller tous les stades du monde. Dans nos rêves les plus aboutis, Iggy y est attendu pour quelques sauts dont il a le secret.

Les paroles très couillues rappellent la belle nudité de Iggy sur scène faisant tourner les serviettes avec son 46. Ces paroles rappellent aussi les mots de Johnny Depp : « Iggy c’est Brando, comme lui il a des couilles ».Iggy est un animal imprévisible tant il échappe aux aiguilles du temps.
Ça se termine par un « be careful » en fond de cale.
2 minutes 59 de pure bonheur

« Strung out Johnny » : Magnifique ligne de basse jouxtant The Cure, annonçant la dope. Ouverture à la « Brother the clouds » présent sur « Earthling ». Refrain caverneux décrivant la descente aux enfers du junky.
L’homme en noir a raison : « L’héro, au début, on en prend pour être bien, puis au bout d’un moment, on en prend pour ne pas être mal ».Les claviers assurent au morceau une élégance sombre et gothique.

« First time, you do it with a friend
Second time, you do it in a bed
Third time, you can’t get enough
Then your life gets all fucked up »

« New Atlantis » : Talk magique en intro, refrain somptueux avec Andrew aux chœurs. Un tube pareil même chez le dentiste, on ne le trouve pas. Le solo liquide à la George Harrison est remarquablement exécuté par Andrew. Ce titre est une déclaration d’amour à Miami après en avoir rappelé les errances, les mouvements aquatiques.

L’Atlantide platonicienne refait surface ici et fait écho à ce qui disait Léon Bloy : « Le monde moderne: une Atlantide submergée dans un dépotoir ».

« I run to Europe, I run to The Caribbean
But coming here is the best thing I ever did
Miami, I love you »

« Modern Day Rip off »: Les Stooges ressurgissent pour le meilleur. Derrière quelques notes de piano évoquant la poésie de « I wanna be your dog », la guitare dégueule, et Iggy s’égosille s’éclate. Andrew nous gratifie d’un très beau solo, évoquant la jouissance de « Penetration » sur « Raw power », et qui explose tous les soutifs. La fin est hallucinogène en mode coq sous LSD.

« Morning show »: Un classique, une ballade intemporelle et avec cette voix de baryton de Iggy qui chante comme un Dieu, on ressent des frissons que l’on avait pas connu depuis « Paraguay » sur « Post Pop Depression ». C’est le sommet du disque.

L’émotion est très intense et l’on ressent la difficulté de mettre le même costume de chair chaque matin alors que l’on souhaiterait coucher simplement sa peau sur un lit de sable et être bordé par les flots.
Derrière la belle guitare crasseuse de Andrew, Iggy y colle un merveilleux timbre sépulcral qui prend la forme d’un long courrier avec encore les chœurs angéliques de Andrew.

« We cannot be happy
Cause I will not be happy »

« The News for Andy »: Plongée dans la période « Préliminaires » avec ces 55 secondes d’interlude café chantant. Inspirée d’une conversation entre Iggy et Andy Warhol discutant des feuilles de chou présentes un jour en studio, sans y trouver de bébé, quoiqu’une inspiration musicale, l’interlude nous interpelle de la forêt des songes.

« Neo Punk »: Surpuissant sur 2 minutes 13.Travis et son style inimitable permet de nous redresser la toison. Ça donne envie de faire un retour vers le futur et de reprendre sa teinture bleue que l’on avait ado et où l’on y mangeait des arcs en ciel en boucle.

« Old ladies cum when I flash my junk
I’m a hunky, Gucci model neo punk »

« All the way down » : un grognement qui annonce déjà la jouissance et puis cette rythmique, ces riffs exquis, de hauts en bas, ces va et vient provenant de la guitare de Stone Gossard qui nous titille encore puis nous fait jouir en nous beurrant la tartine de Pearl Jam. Des passages hantés, un refrain addictif et ces 2 solos de Stone Gossard qui arrachent une ultime fois, un râle de plaisir.
Une bouche sucrée mais attentive me susurre qu’Andrew produirait le prochain Pearl Jam..Ca promet.

« The Gods in Heavеn have gold
The rest of us just gеt old, oh, yeah »

« Comments » : Après une superbe ligne de basse, le merveilleux Taylor est invité sur la piste aux étoiles. Le morceau est psychédélique à souhait. Iggy période « Party » sort la boule à facettes et les lignes dures sur les influenceurs. Les paroles de Iggy convoquent Zuckerberg, Elon Musk et le grand Philip Roth pour qui : « The problem with life is that it stops ».

On y retrouve le titre de l’album :

« Every loser needs a bit of joy
Winners know it’s fact ».

« My animus » : Sonnant comme le successeur de « The Dawn » issu de « Free », ce très sombre interlude serait adapté du « Jour du fléau ». Pas de pastilles pour la gorge pour le fantastique Iggy.

« I am a Terror »

« The Regency »: merveilleuse intro de 45 secondes avec les chœurs de Andrew et la voix filtrée de Iggy qui semble avoir bu la potion magique de cactus qui auraient chanté tout le jour : « Better Living Through Chemistry ».

Puis Taylor rentre à nouveau sur scène, la rythmique très Foo Fighters fait décoller définitivement la navette spatiale. Le « best of the best » accompagne magistralement le refrain épique de Iggy.

« Satan is hiring
Ah, but Satan is tiring
No laughs, no fucking chance
No laughs at all ».

La fin du titre, à nouveau élégiaque, commence par un « Fuck » à la Phil Anselmo, puis les chœurs cèdent leur place à une guitare en apesanteur.

Une dernière minute qui ouvre les portes de la perception :

« I battled with the regency
I fought them to a draw
While I’m alive, uncompromised
I’m stepping out the door, the door »

Guérisseur, sexy, sincère, si charismatique, appréciant maintenant le champagne plus que les champis, l’idiot de Dostoïevski, l’intello à la culture gargantuesque, le houellebecquien pour qui la possibilité d’une ile est un ilot de profondeur, le féru de chansons françaises est réapparu prêt à revivre sa pleine liberté.

Avec « Every Loser » Iggy reprend magistralement le vœu pieu inscrit dans le marbre de « Chocolate Drops » sur « Post Pop Depression » : « Quand tu arrives en bas, tu es près du sommet. La merde se transforme en gouttes de chocolat… ».

Le succès n’est pas arrivé tout de suite, il y en a eu des montagnes à gravir et à descendre.

Il atteint ici, avec ce nouveau disque, la plénitude et nous fait croire que l’immortalité oui, peut bien exister…

Dans mon panthéon personnel de Iggy Pop, il y a les 3 albums avec les Stooges, « The Idiot » et « Lust for Life », « Avenue B », « Préliminaires », « Post Pop Depression » et donc sorti le 6 janvier 2023 « Every Loser ».

Love you Iggy.

« Every Loser » disque du mois de Janvier 2023 et peut être…disque de l’année…

 

 

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