AXEL BAUER Radio Londres

AXEL BAUER Radio Londres 

Quel album!

La plume mouille l’embarcadère tant l’émotion s’avère trempée dans l’encrier lequel pleure déjà dans une encre si humide et si attachante.

Allumer la flamme bleue, presser la détente, moucheter le cuir musical, lâcher le lévrier au milieu du jardin musical : ce disque est un décollage immédiat, un ciel étoilé pour tous les sens tatoués. Il plaide pour que la nuit nous permette sans peurs de préparer la levée du jour.

Au bout de la côte, je te le dédis.

Toi qui m’entend..

Au milieu des vagues, je me baigne par tes soins.

Toi qui est en communion avec la force des éléments..

Au bout du soleil, je te l’adresse.

Toi qui n’est plus mais qui demeure à jamais en chacun de nous, en chacune de nos natures..

Sous les arbres, sous ce ciel d’été, cette canicule qui est le siège de nos levers et de nos couchers, je vois le bleu de ta pochette, de ces 2 microsillons qui n’attendent que de se coucher après que l’aiguille ne se soit élevée puis qu’elle n’ait piquée en leur sein.

Toi, Axel, au milieu de cette sublime pochette, je te vois assis au bout de ta virtuosité, et de ta magie, te poser activement dans cette immensité, cette grande bleue, la vie qui va et vient comme la nature qui se dresse et puis qui penche, et dont quelques pas, quelques courses dans ces montagnes viennent toujours relever le défi.

Depuis le 13 mai 2022, ce disque m’honore de sa présence et de sa si grande hauteur.

Regarde moi dans les bleus de mon corps et je te monterai le soleil de mon âme.

La pochette déjà nous élève.

Elle agite les jeux de rêves cotonneux à la manière de l’affiche du Festival de Cannes 2022 célébrant aux frontières du réel le brillant « The Truman Show » et dans cet escalier de ciel, la main de Jim Carrey qui interroge le grand bleu..Axel, au bord des nuages, sur un édifice à l’architecture renversante, à travers une paire de lunettes de soleil, met en lumière un monde chaud et bien vivant.

Embarquons !

L’aiguille tatoue le son de mes envies.

Sur ma peau, le saphir a percé en plein cœur de la nuit.

Je monte le son et songe déjà aux éclairs de génie qui agiteront ma chaîne plus que jamais dans le coup.

Le cardio de ma radio est au garde à vous. La vie ne se garde plus entre Londres et Paris d’envoyer du son sur les antennes du coeur.

Tandis qu’explosent de plaisir tous mes sens réunis à l’écoute de Radio Londres, je repense aux odeurs de l’Orient, aux parfums du thé avec les princes du désert, je repense au formidable « Nomade » issu de « Simple Mortel« , ce si Buckleyisien opus. Jamais sans doute un artiste français ne s’est autant approché d’une de mes idoles sans jamais lui brûler les ailes.Il a avec la grâce d’une voix d’ange et d’un toucher magique et rageur fait rejaillir l’âme du Dream Brother.

Embarquons et songeons que l’icône en noir et blanc sur un cargo culte nous a délivré du vague à l’âme, fait prendre des coups d’étoile solaire sous le soleil du Texas puis nous a fait danser nos premiers collés-serrés et exploser nos t-shirts ou autres théâtres au balcon pour connaître ensuite l’étreinte et ses suites en pleine lumière déshabillée.

Le grand homme à la guitare, a le cuir haut et le verbe virtuose. Personne n’est parfait mais dans cette chasse à l’instant, l’alligator a ce regard cristal qui voit tout le jour la nuit.

Et puis rappelons nous qu’en plein confinement, en avril 2020, il a fait pleurer ses cordes psychédéliques pour en sortir des mots bleus. Christophe, ce génie du son, a quitté la nuit des étoiles.Cela fut de ces moments hors sol où à son écoute nous embrassions la lévitation.

Embarquons donc.

L’album est d’une richesse inouïe.Axel et Pierre Yves Lebert ont effectué un très remarquable travail au niveau des textes. La musique y est totalement fantastique.

« Ici Londres« : Immense hommage. Frank Bauer, le père de Axel Bauer, est un grand homme. Il aurait eu 100 ans à 2 mois près lorsqu’il disparaît le 6 avril 2018. Frank Bauer, notamment, prononcera de sa voix unique, comme un phare dans la nuit, 517 fois :  « Ici Londres, les Français parlent aux Français ».

Ce titre majeur rejoint ici et là le nom du disque. L’œuvre est historique et durablement inscrite dans les pas de chaque génération. L’acoustique est sublime et éclaire d’un point du jour nos 6 jours et 7 nuits. Axel, Erica Simeone, Frank Bauer et le très remarquable parolier Boris Bergman rendent notre présent à la fois plus drôle en convoquant des traits de génie à la Pierre Dac :« le serpent nous tire les sonnettes l’facteur s’endort sous nos f’nêtres » et plus combatif :« en d’autres temps on était plus résistant ».

A la manière de Eddie Vedder et son « Earthling » qui accueillait la voix de son père en toute fin de disque, Axel joint magistralement, au tout début du disque, son Père en stéréo et c’est extraordinaire de force, de courage, de tendresse et de grande résistance.

A la fin du morceau, les mots de Frank Bauer frappent juste et demeurent très émouvants car empreints de parfaite lucidité et d’humour toujours.

« L’homme qui court« : L’hommage prend demeure et c’est fabuleux. L’histoire est en marche et ne cesse de se lever face à l’adversité dans ce qui représente un très beau morceau de bravoure. La course est épique et loin de représenter un simple homme pressé, elle livre une déclaration d’amour à ceux qui doutent en marchant.

« Un enfant joue une femme sourit

Et l’homme qui a couru toute sa vie

Serait peut être heureux ici »

Le solo de guitare est magique,  comme un apaisement au milieu de l’asphalte que cognent chaque jour nos vies.

« Achète moi une âme » : L’ouverture est délicieusement sombre. Ici, on achète notre feu sacré, notre âme et l’on gobe de la chimie pour le corps et dit on l’esprit .Très beaux solos de guitares habillés par des chœurs en forme de messagers d’un ultime coit:

« Vends moi l’éternité

Des pièces de rechange 

Et l’immortalité

Qui fera de nous des anges ».

« Tout l’or du monde »: Très grand titre rock. La nature reprend ses droits dans ce morceau qui s’avère être un brillant constat, en verre et contre tous, de la perte de notre naturalité. Axel convoque Angus Young pour un titre fascinant qui s’avère être plus qu’un simple cas d’école en mode assez de si beaux décibels. Sensationnel solo de guitare évoquant  Steve Vai et son « Fire Garden ».A la fin du morceau, l’on se délecte encore que la 6 cordes continue à converser avec l’ampli comme si la mise en plis continuait à faire pousser la musique chevelue du si Lynchien « Eraser Head ».

« Avant ici comptait les étoiles

Puis on s’endormait sur la paille

Comme des agneaux comme des loups

Comme des fourmis au fond d’un trou ».

« J’aime ça » : Classique instantané. Ce morceau doit être inscrit dans le patrimoine culturel immortel français comme le « C’est extra » de Léo Ferré. Sommet que ce titre qui fait sortir les larmes et constitue une ode à la vie et à son immédiateté. La rythmique me rappelle mes aventures à dos de bêtes à eaux dans le sable d’or, là où tout me semblait virevoltant. 

«  je veux des montagnes de silence

Des torrents d’imprévus

Qui roulent en cascades vers l’abîme

Je veux tout ce qui est nu ».

« C’est malin »: Chef d’oeuvre. Un matin printanier comme s’il n’y avait rien, je t’ai écouté et m’en suis trouvé bouleversé.

Cet après midi d’été, je t’écoute comme une invitation renouvelée à résister.

Un soir d’automne sous la pluie, je t’écouterai encore et encore, afin de réchauffer nos hivers.

Très grande oeuvre courageuse. Un texte somptueux. Extraordinaire ballade si autobiographique.

Le morceau présente bon nombre de paliers, l’émotion s’envole puis explose avant de devenir une poussière d’ange qui reprendra encore et toujours forme et action.

« Les oiseaux innocents sous l’orage

Braveront les éléments dans la cage

Sous les linceuls noirs

Et même sous les éclairs ».

Captivant solo à la Saul Hudson dit Slash. Une fin en mode « Tomorrow never knows » qui sous les effluves kaléidoscopiques nous amène à envisager le lendemain comme l’action guérisseuse du présent. Les oiseaux volent et résistent aux discours changeants de la vie qui est une bougie dans le vent.

« Est ce ainsi que les hommes vivent »: Oeuvre colossale de celui que l’on retrouve ici, l’immense poète Léo Ferré, avec ici les mots de Aragon que Axel sublime. Les arrangements sont exquis. Axel chante comme un Dieu.Le solo de guitare me rappelle les rencontres romanesques du Grand Ouest qui ne sont jamais à court à quais.

« ..Au petit jour que dans ton coeur

Un dragon plongea son couteau ».

« Ce que tu ne sais pas » : Sublimement addictif. A mettre à fond dans sa caisse sur la route de vos vacances..Un conte d’été peu sage et électrique cela donne des ailes à notre embarcation. Le solo de guitare, cette déesse, permet aux tourtereaux d’humecter leurs consciences à pleine peau sur le capot de leur DS.

« Et tu ne sais pas, mon cœur tu ne sais pas

Moi sur tes champs de pleurs

J’te ferai pousser des fleurs »

« Envole-toi »: Aime toi, et le ciel bleu se montrera. Déploie tes ailes, aime la. Magnifique déclaration d’amour et très profonde ballade. Ma rose si tu écoutes Axel, si tu lis Seb, tu sauras toujours quel son je souhaite pour notre vie.Je t’aime !Mais je sais déjà que tu es sur le chemin avec moi et que tous deux nous volons vers notre vie.

« Il n’y a rien à vouloir, il suffit de croire

Au fond des ses yeux elle t’a toujours aimé

Au fond de ses yeux tout est pardonné

Abandonne toi dans sa lumière

Simplement ouvre tes bras »

Les solos tutoient le ciel avec abondance et les feuilles attendent déjà une écriture sur le tronc de leur destinée.

« Le jour s’enfuît »: Hommage à nouveau à Frank Bauer ce héros. La plongée dans le brouillard londonien est totale. L’engagement du morceau passé sous le philtre de l’amour est formidable. Le refrain est stratosphérique :

« Et le jour s’enfuit

il emporte avec lui

tous mes rêves tous mes espoirs

je voulais tant te revoir »

Le solo est fantastique, l’instrumentation mastodonte. Le morceau se termine en prise directe avec les émotions.

« A qui n’a pas aimé »:Très grande ballade de Gérard Manset formidablement remise en lumière ici avec des arrangements et une voix au sommet. L’amour a fait son trou. Le soleil creuse mes joues et le ciel se joue de moi, c’est que la nature est amoureuse de moi.

« Qui n’a pas subi sur lui, cette caresse

Qui n’a pas touché du doigt, cette herbe épaisse

Qui frissonne et se courbe, comme avant

Mais ces trous sont ses yeux, par où passe le vent»

« Le jour se lève »:  Chef d’oeuvre. La vie est plurielle. Au matin, il y a le miel et les âmes belles. Puis, il y a Starsky notre très beau et adorable compagnon à 4 pattes et au poil de Lion qui bien que creusant son terrier pour marquer ses congés du mois d’août vient me chercher caressant les cordes électriques de l’Amour, et ce, alors que je suis casqué et que ce titre coule dans mes veines comme les vertus célestes de l’hydromel:

« ..Mais là tout d’un coup

Le soleil dégaine

Ses rayons roux

Oui la vie est une chienne

Mais son poil est doux ».

La nuit, je t’ai toujours à mes côtés. Ce qui nous lie me délivre d’une fin à cuver mes bouteilles au fond d’un lit à trop vouloir lire la lie de vin dans l’appli de mes pensées.

« J’ai vécu plusieurs vies en une seule nuit 

Et pour toujours perdu l’envie

De mourir dans un lit ».

Stratosphérique solo de guitare convoquant Joe Satriani sur sa planche de feu issue de « Surfing with the alien« .En pleine mer, à l’écoute, le tube est magistral et la vague irrésistible.

Le vinyle change quelque peu la tracklist du skeud et nous adresse en plus 2 titres supplémentaires absolument exceptionnels.

En face D, on part dans l’espace.Suivez la planète bleue, elle tourne si fort sur la platine.

« Les mots bleus »apporte leur éclairage cosmique sur pas moins de 9 minutes avec un solo qui nous emmène si loin dans la Voie lactée.

Une relecture sublime de « Laisse Venir » issue originellement de l’album « Simple Mortel » et ici repris des sessions à Ferber le 20 décembre 2013.Le Solo est encore énorme.

Axel Bauer avec Radio Londres signe la plus belle oeuvre guitaristique de sa si grande carrière.

En pleine liberté, il lâche comme jamais les chevaux et nous fait vibrer avec un disque si important qu’il devient notre compagnon du petit jour jusqu’au bout de la nuit. Il me semble ici que sa guitare nous parle comme jamais, et que les solos qu’il délivre n’ont jamais été aussi vivants, aussi en accord avec notre bois de chauffe, notre être.

Chaque morceau possède des tiroirs, des échappées belles, surprend.Les paroles sont exceptionnelles. Les arrangements sont impressionnants et courent partout dans nos hémisphères.

Axel Bauer avec Radio Londres signe le plus grand disque de sa formidable carrière et déjà l’insurpassable disque de l’année 2022.

« Lorsque nous embarquons sur les fleuves homériques, résonnent des mots étranges, beaux comme des fleurs oubliées : gloire, courage, bravoure, fougue, destinée, force et honneur » Sylvain Tesson

 

« Mais l’on n’oublie jamais une fleur qui agite l’éternité » Sébastien 

 

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