Flag Day Bande Originale du Film
Il est 22h56, il prend quelques gouttes. A 23h00, il se sent déjà parti.
Non pas parti comme au jour le jour où il croise le fer avec les écoulements qui brûlent son cigare comme de la lave en fusion, mais parti ici par cette nouvelle chimie, cette fausse union qui goutte à goutte, touche son pain de sucre comme la pluie.
Il les regarde en pensant à son lit. Il les regarde sans penser aux bagages qui jonchent son voyage.
Quelques gouttes encore dans son subconscient, il est parti conscient avec des garanties de représentation.
Il est 23h09, il fait des gammes avant minuit.
C’est un jour comme un autre en cette nuit.
Il est 23h12 et la nuit s’ennuie de le voir ainsi en ce jour qui s’obscurcit au milieu des chauves qui sourient.
Il s’endort sans savoir que dans quelques heures une déflagration musicale va retentir.
A 6h30, en ce 20 août 2021, est sorti sur toutes les bonnes plateformes ( en attendant les formats physiques ) « Flag Day » la BO du dernier film de Sean Penn qui sortira le 29 septembre 2021 dans toutes bonnes salles de cinéma et..il va en prendre plein la tête de cette musique si forte. Émotions par escaliers à 360 degrés, célébration de la quête sur fond de Minnesota, de famille brisée, de secrets, de reconstruction.
La musique de Eddie Vedder, Glen Hansard et Cat Power donne déjà les premières images sonores de ce que sera le film en salles après sa première présentation à Cannes il y a quelques semaines. Cette si belle musique finalisée il y a quelques mois au studio de Eddie.
L’histoire est vraie. Le pitch du film est dense, adapté des mémoires de Jennifer Vogel « Film-Flam Man: The True Story Of My Father’s Counterfeit Life ». C’est l’histoire de John Vogel, un personnage atypique. Alors qu’elle n’est encore qu’une enfant, sa fille Jennifer est fascinée par son magnétisme et ses facultés à faire de cette vie si courte, une grande aventure. Jennifer découvrira les secrets et les fêlures de son père, son passé de braqueur et de faussaire. « FLAG DAY » ou le portrait d’une jeune femme battante qui combat ses blessures du passé et lutte pour retrouver la relation père-fille.
Eddie Vedder, Olivia Vedder, Glen Hansard et Cat Power nous emmènent dans un voyage musical dont on ne sort pas indemne. Il faut y mettre un casque, cette ceinture de sécurité, et puis laisser dérouler la bobine de nos émotions les plus enfouies.
A 6h31, d’un clic, j’envois les premiers sons.Ce matin, le temps est calme et le soleil fait la grasse matinée.Après plus de 2 écoutes, j’effectue un retour sur ma terre ferme.
Depuis le 18 septembre 2007 et « Into The Wild » BO du grand film de Sean Penn, Eddie Vedder ne nous avait pas fait voyager dans son solo cinématique (« Ukulele Songs » étant à part). Enfin en solo, non. Il est accompagné ici de Olivia sa fille, de ses si grands amis le très prolifique Glen Hansard ( on se souvient si fortement de son magnifique duo avec Eddie « Sleepless Nights » sur le disque de ce dernier le bien nommé et rappelé précédemment « Ukulele Songs ») et la sublime Cat Power ( rappelons nous la contribution de Eddie sur son disque « You Are Free » et ses fameux « Good woman » et « évolution »).
Eddie et Olivia chantent 2 titres ensemble. Eddie et Glen signent 7 titres ensemble.
Eddie chante sur 7 titres. Glen nous gratifie d’un titre en solo. Cat de 4 titres en solo.
Nous sommes bien le 20 août 2021 et l’anniversaire est en avance.
Eddie Vedder est partout, le monument nous touche tant et tant et nous réserve de ces surprises sonores que l’on n’attendait pas de si tôt depuis l’immense « Gigaton » de Pearl Jam, son vaisseau amiral.
Olivia Vedder chante superbement. Sa voix d’apparence si fragile est teintée d’une grande maturité. La fille de Eddie devient la bande son de Dylan Frances Penn la très belle et talentueuse fille de Sean Penn et de Robin Wright qui campe dans le film de son père la fille du héros tragique. Olivia et Dylan, à elles 2, deviennent en son et en image, le renouveau du rêve américain.
Glen Hansard, le troubadour baryton apporte son intense sensibilité, et sa riche culture musicale qui navigue entre la musique celtique, les profondes expérimentations de l’indie pop, et le folk le plus intimiste. Glen Hansard et Eddie Vedder signent ici ensemble sur « Flag Day » l’un des titres, si ce n’est le titre de l’année avec :« Tender Mercies » qui me fait sortir les larmes en mode grosses intempéries, la montre réglée sur l’heure et c’est peu dire de :« Seven O’ Clock ».
Cat Power nous entraîne dans un climat vaporeux mystique où les chamans sont rois. Chan Marshall alias Cat Power me renvoie déjà à ces quelques souvenirs et notamment ce bracelet qu’elle m’avait offert il y a de cela des années sur la scène de la salle Pleyel, un bracelet « Cherokee » et appelle ces mots de Ernest Hemingway : « Le chat est d’une honnêteté absolue : les êtres humains cachent, pour une raison ou une autre, leurs sentiments. Les chats, non ».
Envoyé juste avant que le projet ne soit bouclé, selon Sean Penn, « My Father’s Daughter » est un délicieux premier morceau, la cerise sur la crème de la crème, avec ici Olivia Vedder qui fait ses débuts au micro et délivre une très jolie chanson écrite par Eddie et Glen qui connaît une très belle orchestration à la fois très épurée et prise dans des cordes ensorcelantes…
« I am my father’s daughter I have his eyes I am the product of his sacrifice
I am the accumulation of the dreams of generations And their stories live in me like holy water
I am my father’s daughter.. »
La vie reprend ses droits et le morceau qui porte le nom de l’album « Flag Day » arrive comme une déclaration de bravoure sous les très beaux arpèges de Eddie et sa voix si forte et si sombre à mi chemin entre « Thumbing My way » et « Alright » avec de superbes arrangements musicaux à la diversité saisissante. Lorsque Eddie sort « he is broken » c’est aussi jouissif que le « i’m broken » de Phil Anselmo qui chatouillait jadis le micro de Pantera.
« The flag is still waving, the memory’s fading.One life was never enough.. ».
Arrive Cat Power et son « I Think Of Angels »reprise de KK’s où le chat pulvérise le morceau original par son inimitable timbre et par ses arrangements si élégiaques. En haut de cette montagne du salut, dans ce désert, on trinque aux anges qui passent. En haut de l’édifice naturel, à la belle étoile, on boit aux lendemains ailés.
Puis « Tender Mercies » duo céleste entre Glen et Eddie se veut une explosion d’émotions, une sublime ballade à la puissance incomparable. Le refrain de Glen est d’une beauté sidérante. Lorsque la batterie a 1 minute 05 secondes survient, que Eddie nous fait tirer les larmes, le cœur est conquis et nous fait rallumer la flamme de l’été.
« Rather Be Home » on se trouve à nouveau « into the wild » ici. Eddie nous adresse toute l’étendue des ses talents. Seul à la guitare, il murmure, hurle, croone. Par une palette vocale démultipliée, complexe, unique et sublime, le wolf Eddie sur un just breathe joue toulumne sous une yellow moon..
« I Am A Map »: protest song magique, cette déclaration d’existence à la sauce « fuck you » de Cat Power fait avancer les âges et les mentalités.
« I am older ».
« As You Did Before »: très belle introduction avec une superbe guitare acoustique. Glen Hansard nous délivre ici une superbe ballade à la sauce « falling slowly ». Sous les étoiles, les pavés dansent.Sous les étoiles, le baladin émeut jusqu’à éclairer les rues les plus éloignées.
« There s A Girl » : énorme surprise avec ce duo père fille entre Eddie et Olivia. Cette valse chaloupée va plus loin que le « Croon Spoon »entre Eddie et Susan il y a de cela plus de 20 piges. Le très subtil duo marqué par d’exquises percussions a tous les charmes de la tendresse du cœur. A 1 minute 25 Eddie arrive..Eddie si attentionné et aimant avec une superbe douceur laisse la voix de Olivia percer le jour derrière la nuit.
La nuit,
La nuit nous invite dans les couloirs du temps à faire virevolter la valse des souvenirs, du devenir et de l’intimité.
« I’ll Be Waiting »: guitare en mode « Say Hi » écrite par Eddie pour Eli enfant de 6 ans souffrant de épidermolyse bulleuse jonctionnelle, et les couplets s’enchaînent avec un Eddie au sommet de son art. Le refrain explose à 1 minute. Quel nouvel orgasme, quelle cavalcade de réjouissances.. Les fantômes ne peuvent plus lutter, Eddie est devenu un ghostbuster.
« And when the blue night blacks above you And your old ghosts come out to play
I’ll be Dan Aykroyd, honey I’m gonna chase those ghouls away ».
« I Will Follow »: le chat se réveille d’une douce léthargie. On célèbre l’union entre Sieur percussions et Dame guitare électrique qui se sont épousés ici sans bruit et qui déjà se joignent à une autre célébration, celle des premiers rayons du soleil qui caressent les nuages qui apparaissent aussi blancs et crémeux qu’un cloud of milk. Dans le ciel musical, Cat chevauche les nuages pour faire avancer le mantra.
« Wave » : le bateau est ivre de mélancolie, l’embarcation fend l’eau, la lame avance sous des airs de rock progressif, sous des percussions psychédéliques. Glen chante si bien. Eddie semble ici sorti prendre l’air à l’avant du navire pour poser sur cette lame d’étrave un timbre suffisamment fort pour subtilement déplacer ma moustache d’eau. Dans cette aventure liquide, un délicieux piano semble creuser un trou dans l’abime. La mer nous prend..
« Drive »: « Hey kids rock n Roll! ». Michael Stipe parti en retraite anticipée de l’un des groupes de ma vie REM, le Dieu Eddie nous enseigne qu’il est et sera toujours l’une des plus grandes voix de l’histoire du rock. Sa prestation monstrueuse ici sur cette reprise très inattendue de REM, l’énorme « Drive » fait dresser les poils et rougir votre serviteur. Quelle claque sonore!Quelle voix! Grâce aux enceintes crachant la bonne conduite à tenir, même au dehors, l’aigle royal est en pâmoison devant une telle réussite sonore.
« Tick, tock, tick, tock
Maybe I ride, maybe you walk
Maybe I drive to get off, baby ».
« Dream »: Chan Marshall finit le voyage en beauté. Dans un champ de blés, sous une pluie fine et érotique, les corps s’enlacent et partagent l’éclosion. Vaporeuse fin dans un ciel..un ciel devenu ..un ciel de coquelicots.
« I had a dream..dancing in the rain »
Rideau sur ce disque exceptionnel chroniqué sur le vif, entre deux feux, entre le Jour du drapeau qui célèbre l’adoption de la bannière étoilée en 1777 et un petit matin dans la tête d’un amoureux des étoiles.
Nous avons hâte de voir la mise en image de ces chansons et de planter l’aiguille de la platine sur le vinyle de cette BO qui marquera son temps.
Flag Day la BO… parmi les plus fortes émotions musicales depuis…. le bien nommé « Gigaton« .
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