Gigaton de Pearl Jam

GIGATON 11 ème album studio de Pearl Jam

GIGATON de Pearl Jam

 

Ah…Pearl Jam.

Le 10 janvier 2020, un message énigmatique se répand sur les réseaux : « Look for Pearl Jam in cities around the world…».

Une chasse au trésor est alors lancée en ce 12 janvier 2020. Il fait froid, mais il me tarde tant d’allumer la flamme du dernier album de Pearl Jam qui doit se trouver, après les indices récoltés, dans ce passage du 10 ème arrondissement de Paname.

Vers 18h00, passage des récollets, lors de ce moment unique, nous découvrons l’affiche du nouvel album du groupe signée Paul Nicklen « Ice Waterfall «  : une ligne de front climatique, la calotte glaciaire du Nordaustlandet, une très belle photo prise sur le vif en Norvège à Svalbard, une inscription « GIGATON »soit un milliard de tonnes métriques, la ligne de mesure de la perte de glace par les scientifiques en Antarctique et au Groenland, et cette ligne de vie musicale qui nous fait voyager des glaciers jusqu’au très haut à vol d’oiseau. La flamme est rallumée et déjà quelques larsens de la guitare de Mike semblent se juxtaposer sur le discours d’un iceberg et d’un vent glacial.

Le 13 janvier, un nouvel album GIGATON est annoncé ainsi qu’une tournée mondiale lors de l’été 2020(Cette tournée est reportée à l’été 2021 en raison des conditions sanitaires).

Le 17 janvier, par un podcast de Bill Simmons, on découvre une intro planante, et de là une question : « Dance of the Clairvoyants snippet ? ». Serait-ce les premières mesures du nouveau single du groupe ? Si c’est le cas, jamais un tel son n’a jusqu’alors été entendu dans le répertoire du groupe. Un énorme son de basse et un clavier hypnotique en quelques secondes nous font voir du pays.

Le 20 janvier, une date de sortie est annoncée : le 27 Mars 2020.

Un nouvel album si attendu depuis plus de 6 années et ½, depuis Lightning Bolt sorti le 14 octobre 2013.

Pearl Jam, ce groupe d’une vie, la mienne, qui agit depuis plus de 27 ans comme le plus beau des monte charges émotionnelles.

Tribal. Je le découvre en 1993 en pleine explosion du Grunge et de la Britpop chez un correspondant de paix anglais qui détenait dans sa discographie relativement dense un album à la pochette tribale et bouclée, le bien nommé « VS « . J’ai le coup de foudre pour cette voix de baryton de Eddie Vedder, cette rythmique infernale des duettistes Mike McCready et Stone Gossard, du sautillant Jeff Ament, de Dave Abbruzzese qui envoit du bois de « Animal », en passant par « Wma » et cette poésie de la ville qui souhaite prendre la clé des champs.

« Don’t call me daughter » Call me Grungy Baby.

Testamentaire. Je découvre ensuite « VITALOGY  » sorti le 6 décembre 1994, dans un bus qui me ramène de mon bahut de l’époque à mon home studio. Le blister qui épouse l’album est délicatement enlevé le long de ce trajet, et je m’assure d’être seul au fond du véhicule pour pouvoir alors m’aventurer dans de passionnantes explications de textes autour de« Tremor Christ »,« Immortality ». Un pote revenant des states m’a ramené en import ce nouvel album concept ahurissant de noirceur et de beauté, mon 1 er livre CD autant testamentaire qu’immortel.

« Can’t find a better man » Can’t find a better album.

J’inscris sur ma règle, ma trousse, mes cahiers de textes, mes baskets, les noms des chansons du groupe et les émotions que cela me procure. Je m’évade et réenchante le cours des choses.

Longue route. Bien cramponné à l’arrière de ma limo, les lunettes de soleil sur le bec, le regard bleu vert tourné vers l’ouest, avec mon vieux discman qui saute à chaque importante variation de la vitesse des 4 roues, je m’inocule le sublime « MERKIN BALL » Ep sorti en 1995 et ces 2 titres totalement habités qui nous font notamment emprunter « The Long Road ».

« Oh i walked the line ».

Héroique. Leur premier album « TEN » sorti en août 1991 n’arrive donc à mes œillères que plus tard, sans doute trop préoccupé à vouloir toucher du doigt le Nirvana. Cet album lorsque je le découvre est une monumentale claque sonique. Splendide de bout en bout, de « Once » à « Release », pierre angulaire du mouvement grunge, il ne cesse de nous adresser ses recommandations héroiques. Dave Krusen aux futs y assène du très lourd.

« Oh I, Oh, I’m still Alive ».

Kaléidoscopique. « NO CODE », je l’achète en digipack le 22 août 1996 avant une rentrée historique. Je le décapsule lentement comme un déshabillé un soir d’été dans le calme d’un vert pâturage. Des polaroids sont glissés dans l’album, une carte des villes où a été enregistré ce chef d’œuvre est représentée ici et là. Les premières notes de « Sometimes » si douces dénotent tant avec ce que le groupe a composé jusqu’alors. Les années confirmeront que cet album était le plus varié de tous jusqu’à ce que ne sorte le nouvel album. Cet album va être mon moteur pendant plus de 2 années très denses, l’une de mes principales sources de motivations. Avec ce puzzle musical kaléidoscopique qui renferme plus d’un secret, cette mélancolie au zénith, il cartonne dans mon intérieur. Prêt pour une dernière danse ?

« Oh you can come to terms and realize you’re the only one who can forgive yourself ».

Classique. Un soir de janvier 1998, j’allume ma Yamaha et entend sur cette belle radio rock, « Given to Fly » le nouveau single du groupe. J’enregistre sur mon tape recorder ce son formidable et me le repasse en boucle jusqu’à ce que mes yeux se ferment avant la prise du lit coptère. Je me prends alors pour un aigle et survole la ville si heureux de pouvoir à nouveau prendre mon envol au dessus des nuages dictés par la pollution. Le 3 février 1998, « YIELD » sort. La pochette est superbe, la route écrasée par la chaleur et par un ciel cotonneux n’arrive pas à nous faire tomber dans le panneau. Cet album, ce classique si réussi avec l’apport du nouveau batteur Jack Irons, avec le temps, va s’avérer être absolument essentiel contenant parmi les meilleurs titres jamais enregistrés par le groupe.

« Do the Evolution Baby ».

Cosmique. Le 16 mai 2000, sort « BINAURAL », album le plus posé et psychédélique du groupe. Matt Cameron le nouveau batteur du groupe fait plus qu’imposer sa nouvelle patte musicale. « Light Years » rythme mon quotidien. L’album est très soigné, la production de Tchad Blake est spatiale. L’album de l’année est tout trouvé, l’année 2000 sera cosmique.

« Saving up a sunny day, something maybe two tone ».

Graal. En novembre 2002, il fait frisquet, le ciel est bas, sombre, un café chaud est posé sur une table basse, mon diary book est couché sur mes genoux, je suis prêt à décrypter sans filtre ce nouvel album « RIOT ACT », ce vénérable graal. Je glisse alors délicatement la galette de l’album dans mon petit lecteur CD sous les toits de PARIS, la pochette est démente et je tombe amoureux fou du disque.Je découvre cet album titre par titre posément et griffonne mes sensations.  « I am mine » que j’avais écouté en avant première quelques jours auparavant m’avait tant scotché.Dans le top 3 de leurs 1 ers singles. le 11 septembre a un an, l’album est beau à en chialer. L’album m’obsède jusqu’à encore aujourd’hui. Je préserve son chamanisme, ses ballades sépulcrales, ce blues obsédant et politique. Best album !

« I know i was born and i know that i’ll die the in between is mine I am mine »

Merry Christmas. « LOST DOGS » passe par là en novembre 2003. Ce double album composé d’inédits est fantastique. J’attends le 25 décembre 2003 pour découvrir ce monument, pour un noël de rêve. Les chiens sont déjà aux beaux abois.

« Follow the ancient stripe follow the angels try follow the strangest tribe »

Brutal. En mai 2006, le bien nommé « PEARL JAM » ou avocado, à la pochette en mode 5 fruits et légumes par jour et au packaging sanglant est un album brutal adouci par quelques perles « Parachute »  et « Come Back ». Un album comme autant d’assauts recherchant un vaccin à la rage d’une administration malade.

«Consider me an abscess leave me in my vacuum blood on all the pistons running my transmission »

Cérébral. Le 20 septembre 2009, sort « BACKSPACER », album le plus court du groupe, incisif et mélodique. 2 ballades splendides, un« Amongst the Waves » dans le top 10 absolu, un packaging encore une fois extrêmement soigné, les hémisphères du citron se touchent et touchent leur auditeur.

« Where can i feel like i have a soul that have been saved Where can i feel like i’ve put away my early grave ».

Eclairant.Le 14 octobre 2013, sort « LIGHTNING BOLT « , un album tant attendu. Le Premier single « Mind your manners » est énorme, « Sirens »  sonne comme le nouveau« Black ». La fin de l’album très aérienne, calme est somptueuse.Dans les jours futurs, la lune jaune veille sur nous.

« Here far away one could feel the earth vibrate Moon changing shape and shade as we all do under its gaze Yellow moon on the rise ».

GIGATON s’annonce enfin. Le 11 ème album officiel du Groupe…

Un nom qui réchauffe les consciences et qui vous demande de bien vous regarder dans la glace pour apprécier le si grand voyage.

GIGATON ou le sentier vers la gloire des ainés.

GIGATON un album qui se mérite.

Le 22 janvier, sort le 1 er single « Dance Of the Clairvoyants ». Il est 6 heures sur Paris. Il est l’heure, l’heure de réveiller l’aurore polaire qui sommeille en chacune de nos notes d’existence. Allongé dans un lit devenu frais pâturage, un casque réchauffe mes oreilles devenues icebergs. Je presse le bouton play comme on demande du feu sous la glace, et l’aventure commence le long du canal auditif. Une boite à rythme étrange avancée par Matt Cameron, une basse généreuse et hypnotique tenue par Stone Gossard qui ne cesse de nous inviter à la table de mixage de Jeff Ament, une guitare très « Chic » à la Nile Rodgers tenue par Mike McCready (qui assure également les percussions), une voix chaude et puissante tenue par Eddie Vedder,  semblent percer le jour à travers la voie lactée. Le mantra en fin de morceau rappelle ces notes explosives et dansantes des versions live étirées de « Daughter ». Les 4 minutes 25 de cette pépite convoquent dans les couloirs des années 80, les Talking Heads période « Remain Light », le « Red Rain » de Peter Gabriel, le « Other voices » de The Cure, et le « Ashes to Ashes  » de David Bowie. Avec ce dernier morceau d’ailleurs de 4 minutes 26, il semble avoir plus qu’un lien de parenté.« Dance Of the Clairvoyants »est le « Ashes to Ashes » de Pearl Jam, soit un chef d’oeuvre ultime. Tout le groupe est à la fête tant le processus créatif apparaît pluriel. Les rôles sont inversés, le talent remplace toutes les grilles de lectures. Les paupières s’entrouvrent petit à petit avec la grâce d’un papillon multicolore pour rejoindre dans ce paysage sensoriel halluciné, une danse céleste à travers le globe. Depuis « Who you are » sur No Code, on avait pas connu pareille originalité dans le répertoire du groupe. Ce single vient se glisser dans le top 3 absolu des meilleurs 1 ers singles de Pearl Jam.

3 clips se succèdent en mode Mach I le 22 janvier, Mach II le 29 janvier, Mach III le 7 février 2020, pour cette unique et merveilleuse pièce musicale.

« Expecting perfection leaves a lot to ignore When the past is the present and the future’s no more When every tomorrow is the same as before »

Le 13 février, je pars, dans la nuit froide, accompagné d’une épuisette et d’une échelle, à la recherche de la « Superblood Wolfmoon » afin d’entendre ces premières notes du 2 ème single de l’album. Le 18 février, le morceau se dévoile enfin. Les couplets ont remplacé le refrain sur ce morceau entièrement écrit et composé par Eddie. La rythmique garage est très percutante. Josh le producteur est aux claviers. Le solo de Mike est fantastique et nous fait décrocher la mâchoire tant l’agilité de Stevie Ray Vaughan semble de sortie ici.  Ce morceau après écoute intégrale de l’album apparaitra se marier parfaitement avec le reste de l’album.

« I don’t know anything, i question everything, this life i love is going way too fast »

A partir du 17 mars, chaque jour, 14 secondes d’extraits instrumentaux de chaque morceau de l’album apparaissent. Le 23 mars, la hotline du groupe se met à chauffer. Je la joins le lendemain dans le crachat d’une acoustique lointaine, histoire de découvrir encore quelques extraits de l’album en pressant la touche 2 puis la touche 1. Le 25 mars, un jeu de Spaceship avec un choix de capitaines parmi les membres du groupe permet de tirer à vue en direction de la planète Mars.

Ce même jour, sort le 3 ème single de l’album « Quick Escape ». Sur une musique de Jeff, une basse qui franchit le mur du son, un exceptionnel jeu de batterie de Matt, des claviers tenus par Brendan O’Brien pour un pont musical sublime sur une rivière argentée, un premier solo de Stone puis un solo épileptique de Mike, un Eddie au sommet avec ces couplets poétiques sur la route de Jack Kerouac,des chœurs d’une puissance phénoménale, la démonstration de force tutoie la politique qui se mêle de ce voyage en pleine terre de la science fiction.

La fin du morceau est l’un des sommets de l’album tant le mariage entre la basse et la guitare est de ces unions sacrées qui survivent au confinement.

« Crossed the border to morocco Kashmir to Marrakesh the lengths we had to go to then to find a place Trump hadn’t fucked up yet ».

GIGATON est sorti le 27 Mars 2020. Le même jour Bill SIMMONS discute de l’album avec Eddie et Jeff.

Le packaging est superbe. La ligne de vie musicale est en relief, les battements du cœur de l’auditeur sont prêts à recevoir une grande déclaration sans avoir besoin de défibrillateur. Les photos accompagnant les textes du groupe écrits avec la fameuse machine à écrire Torpedo modele 18 B circa 1961-62 de Eddie sont superbes.

Alors que Paris ne s’est pas encore réveillé de cette 2 ème semaine de confinement, avant l’écoute du microsillon et du cd, le casque vissé aux oreilles, l’attitude plongeante, les premiers sons de GIGATON frappent à ma porte, les premières notes de « Who Ever Said » retentissent, 17 secondes planantes où l’on retrouve l’accompagnement découvert en janvier dernier avec la flamme qui électrisait l’affiche dans ce passage si nocturne. Alors que l’on croit la structure plus ou moins classique se poursuivre, des arrangements étonnants apparaissent avec des claviers,puis le tempo ralenti et Eddie se transforme en crooner, puis le tempo reprend de plus belle ensuite, puis s’apaise à nouveau à la manière d’une danse des années 50, puis accélère encore le rythme pour parvenir enfin à la jouissance avant que le morceau ne s’arrête.. pour reprendre encore quelques 10 secondes de pure adrénaline.Pas moins de 4 morceaux en 1, une batterie qui donne la mesure de tout le titre, des changements de rythme ébouriffants, un refrain power pop, la réponse au « I can’t get know satisfaction » des Rolling Stones en mode : « Whoever said, it’s all been said, gave up on satisfaction ».

5 minutes 10 de pure plaisir pour l’une des plus belles ouvertures d’album du groupe.

« All the answers will be found in the mistakes that we have made ».

« Alright » est une splendide ballade composée par Jeff. Quelques notes de kalimba puis le crépuscule prend toute sa place. Matt y joue quelques superbes notes de guitare. Eddie semble rugir ici comme un Lion en retombée de refrain comme le faisait Michael Stipe sur « Accelerate ». Le jeu de Matt apporte une réelle densité au morceau. Ce morceau me rappelle les escapades nocturnes de« Pendulum » et ses bongos ensorcelants. Les paroles nous parlent tant en cette période de confinement, le texte est certainement ici celui qui colle le mieux à la situation.

« It’s alright to be alone To listen for a hearbeat It’s your own It’s alright to quiet up To Disappear in thin air It’s your own ».

« Seven o’clock » est la pièce maitresse de l’album.6 minutes 14 de pur génie musicale. Issue de différentes jams entre les membres du groupe, il est le titre le plus beau et percutant de l’album, le morceau le plus psychédélique du groupe depuis « You Are ».Comme « Dance of the Clairvoyants », sur ce titre le processus créatif est multiple, tous les membres du quintette participent à la célébration. Eddie y joue même du clavier tout comme Josh.

Les glaciers sont en approche avec cette infusion du Floyd. Quelques respirations de Eddie avant l’entrée sur scène, puis après 27 secondes à contempler les étoiles allongé sur un iceberg, ce dernier lance les hostilités avec des couplets springsteeniens. Le refrain est fantastique, les consciences explosent comme une pluie d’étoiles chevauchées par Sirius l’ardente « Floodlight dreams go drifting past all the lines we could’ve had distant loves floating above Close these eyes, they’ve seen enough ».

Le travail de production est fantastique permettant à chaque instrument de toucher la mésosphère. Le vol n’a jamais atteint une telle hauteur. Le message politique est fort et la glace n’a jamais eu autant de sens, de double ou triple signification.

Véritable œuvre d’art, il se place parmi les plus grands titres de l’histoire du Groupe.

Les 2 dernières minutes du morceau sont le plus grand moment du disque et un message d’espoir dans cette vie liquidée par manque de rêve et d’action. Le groupe plus soudé que jamais semble avancer d’une seule voix sur la route du futur.

« What’s to be done Carve a path for rivers reign much to be done oceans rising with the waves ».

« Never Destination » permet au groupe de revenir à un rock d’apparence plus sobre. Mais attention aux apparences, le tempo s’accélère, Josh pianote, la voix de Eddie décolle, la veine politique ne s’estompe pas, le fun aussi avec le personnage du livre de Sean Penn « Boh Honey who just do stuff »qui apparaît cité. Attention aux apparitions, car au milieu du morceau, Mike décoche un superbe solo puis le morceau s’emballe sur 40 secondes comme si un trip sous buvard avait été déposé sur la croute terrestre. Les 35 dernières secondes du morceau déroutent encore bien davantage  leur auditeur avec cette très belle  invitation à danser sur du twist and shout.

« She was a singer in a rock n roll band had command of all her voices turned herself into a hologram it all came down to choices ».

« Take the Long Way » Ce morceau de Matt parfaitement tubesque se situe dans la très bonne veine de la galaxie Soundgarden avec ses riffs qui flirtent avec le heavy metal et un chorus totalement habité et partagé avec Meagan Grandall de Lemolo (pour la 1 ère participation au chant dans l’histoire du groupe d’un autre artiste que les membres du groupe eux mêmes). La fin du morceau absolument stratosphérique appelle les forces de l’océan à nous inviter au grand plongeon.

« Plant a seed in your mind.What’s yours is mine Show me how to live divine what’s yours is mine »

« Buckle Up » Stone réalise un chef d’œuvre avec ce titre. Instantanément, ce morceau a été mon petit trésor de l’album. Eddie y apparait extrêmement touchant, sa voix n’a peut-être jamais été aussi pure et touchante, fluide, si fluide. Jeff caresse quelques notes de piano, Stone chante sur ce morceau rappelant par son accompagnement vocal « Infallible ». Le pont musical est d’une telle beauté avec ses percussions, ces voix qui chantent sous une douche à la noix de coco et qui tendent vers un beau chaloupé. La grâce de Stone est d’avoir joint des paroles très sombres, très sujettes à de multiples interprétations globuleuses, à une musique légère et multicolore.

« Firstly do no harm then put your seatbelt on Buckle up Buckle up ».

« Comes then Goes » 6 minutes 02 de cavalier seul au milieu de ses amis. Eddie est seul avec sa guitare. Une seule prise, et le reste n’est que le résultat d’un si grand charisme et d’un inaltérable charme. Ce morceau est un must à plus d’un titre. Les paroles sont d’une telle profondeur, parlent à tous les amis de Chris Cornell disparu il y a tout juste 3 ans, le 18 mai 2017. Les anges dans la neige pleurent celui qu’ils ne reverront plus nager que dans cette mer des pleurs. Les WHO de 1965 apparaissent même réquisitionnés.

Certainement l’un des plus beaux morceaux jamais écrits par Eddie.

« Can I try one last time ?Could all use a savior from human behavior sometimes and the kids are alright the queen of collections took your time sadness comes cause some of it was mine ».

« Retrograde » 5 minutes 22 pour un joyau de pièce rock. Avec ce morceau Mike montre une signature très Led Zeppelinienne. Il joue aussi des claviers sur le morceau tout comme Brendan et Stone. Cette somptueuse ballade se veut le digne successeur de « Sirens » tant elle marque des points sur les cicatrices du passé. « The more mistakes the more sesolve it’s gonna take much more than ordinary love to lift this up ». Alors que l’on pense la si belle ballade continuer son parcours sans esbrouffe, à partir de 3 minutes 25, le morceau convoque tous les fleuves de glace, toutes les réjouissances liquides pour rejoindre, le temps du vol d’un oiseau venu admirer la force de la nature, les envolées vocales de Eddie qui à la manière de « The Wolf » sur Into the Wild nous fait revivre le son d’une naissance, la vie.

La fin de ce morceau est un autre des sommets de l’album.

« Hear the sound, in the distance now Could be thunder, or a crowd ».

« River Cross » 5 minutes 52 de magie. Le morceau démarre comme un coup au cœur.Un orgue de 1850 avance calquant sa mesure sur les battements du cœur. Dans l’ombre, on pourrait presque croiser celle de Neil Young avec son chapeau.La basse de Jeff doublée d’un kalimba, les claviers de Josh, la frappe de Matt, Eddie qui chante comme si la faune et la flore avaient rendu les armes, tout s’accorde pour rendre le morceau universel. Thelonious Monk et ses « 25 tips for musicians » avait raison : « Don’t play everything (or everytime), let some things go by. Some music just imagined. What you don’t play can be more important than what you do play ». Il faut laisser le champ libre à l’auditeur de choisir son périmètre d’écoute. Le titre se termine sur une forte note d’espoir, sur une forme de gospel appelant les générations futures à aller vers la lumière.

« Share the light Won’t hold us down Share the Light Won’t hold us down ».

Avec ce nouvel album enregistré à Seattle et au Montana au studio de Jeff, Pearl Jam embrasse de nouveaux territoires tout en conservant son ADN.

Après le légendaire Brendan O’Brien qui a produit 6 albums du groupe dont les 2 derniers opus, la production de GIGATON est confiée à Josh Evans et elle est fantastique. Avec cet album, il semble être devenu le dernier George Martin du groupe, un vrai sorcier du son, un 6 ème membre du groupe comme peut l’être Brendan et qui a permis aux 5 fantastiques de développer leur créativité comme jamais sans doute à travers des compositions plus avant gardistes, plus étirées, plus folles que ce qu’ils n’ont jamais composé depuis plus de 20 ans. Josh a retrouvé la recette de l’élixir de jouvence, on ne va pas s’en priver..

La voix de Eddie n’a sans doute jamais été aussi bien exploitée, que cela soit dans ses murmures, ses envolées, ses hurlements.

Matt trouve avec cet album l’une de ses plus grandes interprétations.

Jeff tient une place énorme aux côtés de Eddie dans l’architecture des morceaux de cet album.

Stone avec « Buckle Up » a crée l’un des morceaux les plus originaux jamais composés par le groupe.

Mike est ce guitar hero qui renoue avec cet album avec ses solos incendiaires de la trilogie foudroyante des débuts.

Le monde continue d’avancer. L’album sur les plateformes avait au départ une version expurgée des mots « Fuck » de Superblood Wolfmoon et Quick Escape et « Bullshit » de Seven O’Clock. Une version dite « explicit« donc normale apparaît enfin sur les mêmes plateformes.Le monde continue d’avancer pour cette « Fucking » liberté d’expression.

« Which PJ member are you ? » me demande t’on en ce 30 mars, avant que je ne découvre le 24 avril sur apple TV l’expérience visuelle et auditive ultime de l’album en Dolby Atmos et Dolby Vision. Chaque chanson suit la ligne de vie d’un opus toujours déroutant. Chaque morceau est surprenant, sautille sur une montagne, une mer, sur une bulle qu’égraine une grenouille qui nous assure la pleine fortune des sens. L’expérience fait plus qu’enrichir le propos, elle donne à l’album une place encore à part, et toujours si essentielle.

Le 18 Avril 2020, Eddie gratifiera le « One World Together at Home » d’une superbe version de « River Cross » sur son orgue maison.

Le 14 mai, sort le 4 ème single de l’album « Retrograde » accompagné d’une superbe vidéo qui voit les noms des albums comme autant de spotlights, Seattle, New York, Londres et Paris recouvert par les flots, la vision de Greta Thunberg, les feux en Australie, la lune loup. Montrez moi votre jeu, je vous conterai les couleurs du ciel et de la terre.

Faisons à nouveau jaillir les eaux de cette calotte de glace, en pointant notre téléphone sur la sublime pochette de l’album, histoire de reprendre un peu de vie, de réflexions, en ces moments troubles où l’écosystème n’a jamais été autant menacé par la destination qu’on lui impose.

Jamais, un groupe ne m’avait autant apporté avec ce nouvel album, que cela soit en matière d’annonces, de coups de fils, de surprises, de vidéos, de clips, de discours, de podcasts, de débats, de SON…Et si cela n’était qu’avec ce nouvel album…

Les musiciens sont gâtés. La vie est plus belle quand elle est taillée dans un tel Rock qui a tous les talents du monde.

Plus  grand cadeau musical que l’on puisse avoir en cette période de confinement dans des espaces parisiens peu spacieux, plus joli présent du moment en cette période de déconfinement, meilleur album de l’année alors que l’année n’en est pas arrivée à sa moitié, plus grand album du groupe en ce qu’aucun autre album ne s’est jamais aussi bien inscrit dans son temps, prise de conscience épique avec quelques pics à glaces, 6 ans et demi après leur dernier opus, Eddie, Mike, Stone, Jeff, Matt, Josh, nous adressent un immense disque si aérien qu’il convient de l’écouter à pleine puissance dans sa navette spatiale. Un très intense coup de cœur.

Avec ce nouvel album, Pearl Jam se regarde dans la glace et dit :

« There’s still a fire in the engine room

Knows relief will be coming soon ».

 

 

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